L’amélioration continue des processus introduite par le Modèle Toyota, aussi appelé Lean, a fait ses preuves dans plusieurs grandes entreprises parmi les plus performantes. Dans l’application de ce système de gestion, une des premières étapes consiste à examiner les processus opérationnels dans la perspective du client. Qu’est-ce que le client attend de ce processus? La réponse définit la valeur.
Prenons l’exemple de la récolte de bois court. L’opérateur de l’abatteuse exécute un grand nombre de tâches, mais seul un petit nombre d’entres elles ajoutent de la valeur au produit; si l’on se place du point de vue du client.
Dans cet exemple, seuls l’abattage et le façonnage apportent de la valeur. Certaines autres tâches sont toutefois nécessaires et ne peuvent être éliminées, tels que le déplacement, la sélection des tiges ou l’entretien. Dans cette perspective, l’objectif est de réduire le temps investi à des tâches qui n’apportent pas de valeur.
L’un des éléments clés de cette approche est donc l’identification et la réduction des différentes sources de gaspillages. On entend ici par gaspillage tout ce qui prend du temps, mais n’ajoute pas de valeur au client. Pour en faciliter la compréhension, cette notion a été divisée en 7 grandes catégories.
Il sera donc question dans cet article de chacune de ces catégories et des manières auxquelles elles peuvent s’appliquer aux opérations forestières.
La surproduction est tout ce qui est réalisé en surplus de la demande du client. C’est donc tous les produits et services qui ont demandé des efforts et qui ne seront pas rémunéré.
Comme la majorité des entrepreneurs forestiers sont payés à forfait, il est évident qu’il faut absolument éviter de travailler gratuitement. Voici quelques exemples de surproduction en opérations forestières :
La plupart des travaux en forêt requièrent un certain inventaire pour en assurer le bon déroulement et permettre une meilleure prévisibilité. C’est pourquoi ce type de gaspillage est plutôt contre-intuitif et parfois difficile à saisir.
Un inventaire pardonne assurément plus lorsqu’un pépin survient à l’une des étapes de la chaîne de travail. Par contre, un inventaire trop élevé peut camoufler des lacunes dans le processus qui serait exposées lors d’opérations ayant des stocks plus bas.
Voici certains contextes où le stock excédentaire engendre du gaspillage:
Bien que certains transports apportent de la valeur, les opérations forestières comportent une multitude de déplacements inutiles :
Évidemment, certains déplacements inutiles ne peuvent être complètement éliminés. Toutefois, les identifier permet de prendre des décisions afin de les réduire ou de les optimiser.
Les opérations inefficaces consistent à réaliser des étapes ou des actions inutiles pour parvenir au résultat souhaité. Produire des produits ou services au-delà du seuil de la qualité nécessaire est également un gaspillage.
Il s’agit donc de tâches qui pourraient être simplifiées ou carrément éliminées. Voici quelques exemples s’appliquant aux travaux en forêt :
Les mouvements inutiles sont tous les gestes humains qui pourraient être évités et qui n’apportent aucune valeur:
Le manque de qualité ou les efforts investis dans la correction de non conformité sont les sources de gaspillages les plus faciles à comprendre. En plus de ne pas répondre aux besoins du client, ils peuvent nécessiter une reprise des travaux. Voici donc quelques exemples de mauvaise qualité :
Ce type de gaspillage est tout temps d’attente d’une ressource, qu’elle soit humaine ou mécanique. En plus de généralement occasionner des coûts (usure, carburant ou salaire), elle représente une sous-utilisation. Les exemples en milieu forestier sont très nombreux :
Le but de cet article n’est certainement pas de critiquer le travail qui se réalise en forêt. Il a plutôt pour objectif de faire réfléchir les différents intervenants et les amener à remettre en question certaines de nos pratiques actuelles.
Tel que mentionné plus haut, il s’avère impossible de complètement éliminer les gaspillages. Cependant, on doit tenter de les réduire au maximum pour que notre temps et nos efforts soient investis dans la création de valeur pour le client.