Les cernes annuels, l’histoire d’un arbre
Les cernes annuels des arbres, ou cernes de croissance, sont des archives de notre passé. Leur étude nous permet d’en apprendre davantage sur le passé d’un arbre en particulier ou sur le développement des peuplements forestiers. Pour le démontrer, nous vous présenterons l’histoire d’un pin lue dans ses cernes annuels.
Mais tout d’abord, qu’est-ce que les cernes annuels ?
Ce sont des cercles concentriques que l’on retrouve sur une coupe transversale du tronc d’un arbre. Celles-ci sont issues de la croissance de l’arbre, qui chaque année ajoute une couche de bois à la périphérie de son tronc. Dans notre climat, la formation du bois est saisonnière et il est possible de discerner les cernes grâce à la coloration changeante entre le bois plus clair créé au printemps et le bois plus sombre d’automne et d’hiver. Une cerne de croissance représente une année dans la vie d’un arbre.
Un arbre au stade de maturité aura connu un enchaînement de conditions favorables ou défavorables, et potentiellement de grandes perturbations. Ces variations se reflètent dans chaque anneau par des différences de largeur, d’orientation, de couleur, de densité et de composition du bois. Les cernes sont des archives du passé, on peut y lire une foule d’informations sur le climat et les différents obstacles que l’arbre a rencontrés au cours de sa vie.
Nous vous présentons l’histoire d’un pin, lue dans ses cernes annuels :
1913 : Le pin est né!
Le centre des cercles concentriques équivaut au moment où la graine de pin germe dans la forêt boréale. Plus on s’en éloigne et plus les années passent.
1918 : Croissance lente
Les anneaux sont étroits, car il n’y a pas assez de soleil et de pluie pour favoriser la croissance de notre pin.
1923 : Une croissance inclinée
L’anneau annuel est elliptique car l’arbre pousse incliné, dû à l’apparition d’un obstacle au-dessus de lui, tel qu’un arbre renversé par le vent. Par la suite, il se redresse.
1933 : L’arrivée de la compétition d’un voisin
On constate que les cernes deviennent étroits, en raison de la compétition d’un voisin qui accapare le soleil et l’eau. La croissance n’est pas optimale, car l’arbre réagit à un stress qui influence son milieu de croissance.
1936 : Le voisin est coupé
Suite à une coupe forestière, la taille des cernes augmente. La disparition de la concurrence permet une plus grande disponibilité des ressources qui favorise la croissance de notre pin. Ce serait également le cas lors d’un chablis ou d’un orage qui élimine d’autres arbres en compétition.
1939 : Un incendie touche la forêt
L’écorce est endommagée par un incendie. On aperçoit dans le bois la présence d’une cicatrice suivie d’une régénération. Ce genre d’anomalies morphologiques peut nous renseigner également sur l’avènement d’un glissement de terrain, d’une chute de pierre, d’une avalanche ou d’une intervention humaine.
1951 : Une période de sécheresse
Le climat influence largement la variation annuelle dans la croissance du bois. À cette époque, les cernes sont très étroits en raison d’une sécheresse qui frappe la région. Si la sécheresse perdure plusieurs années, on retrouvera une série de cernes qui seront consécutivement très étroits. Cela nous renseigne sur la durée et la gravité de l’évènement climatique.
1966 : Avènement d’une infestation d’insectes
La croissance est faible et les anneaux sont très rapprochés, ce qui pourrait être le signe d’une infestation d’insectes.
Pour en savoir plus sur le pin gris
CONCLUSION
Ainsi, l’étude des cernes de notre pin a permis de reconstituer les événements qui ont façonné sa croissance tout au long de sa vie. La dendrochronologie et la dendroécologie, des disciplines s’intéressant à l’étude des cernes des arbres, nous permettent de reconstituer, de comprendre et de spatialiser les petits et grands changements écologiques et anthropiques du passé. Il s’agit également d’informations précieuses pour mieux comprendre et se préparer au futur, en étudiant notamment la résilience passée des arbres face à de fortes perturbations qui risquent de se reproduire.
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